Quand la violence remplace la patience
Chacun a une idée sur la manière de faire comprendre ses erreurs à son chien.
Sous prétexte d’apprendre les bonnes manières à son meilleur ami, certains éducateurs (particuliers comme professionnels) disposent d’un panel de maltraitances particulièrement prolifique.
Il sera conseillé notamment de provoquer la faute pour être prêt à sévir, pardon, faire « acte de pédagogie ».
Ainsi, il faudra par exemple laisser de la nourriture volontairement sur la table basse et dès que son museau entre en contact avec le piège (comportement pourtant normal d’un animal qui trouve de l’alimentation à sa disposition), intervenir de la manière la plus impressionnante possible pour qu’il ne recommence pas.
Ou alors s’il ne revient pas assez vite à votre appel, le pendre par son collier métallique et le secouer un peu afin qu’il s’en souvienne. Véridique, c’est encore pratiqué et conseillé !
Les colliers électriques, hurlements, coups et enfermements ou isolements sont des variantes dont abusent encore certains propriétaires, voire des « professionnels » peu scrupuleux, partisans de l’efficacité quel qu’en soit le prix pour l’animal, ou tout simplement ignorants de la psychologie canine.
La loi est cependant parfaitement claire sur ce sujet : l’exercice des activités d’éducation et de dressage d’un animal de compagnie dans des conditions de nature à lui infliger des blessures ou des souffrances inutiles est interdit. (Art.R. 214-24)
Aucune bienveillance dans la violence
Ne croyez les personnes qui tentent de vous faire croire qu’il faut en passer par la rudesse pour enseigner les bonnes attitudes à son animal de compagnie. Rien ne justifie la violence, même si cela a fonctionné pour d’autres, ni même s’il s’agit de régler (inconsciemment souvent) sur son chien des névroses internes à l’humain qui s’y adonne.
La personne qui occasionne des chocs émotionnels ou physiques peut sérieusement détériorer la confiance du meilleur ami de l’homme, et dans le pire des cas, le chien peut généraliser sa peur à tout le monde. Les personnels des refuges pourront vous en parler : il y a ensuite un travail conséquent à mener pour restaurer un minimum de tolérance et de capacité à cohabiter. Même si l’on n’atteint que rarement de tels effets, l’attachement (le lien affectif) entre le propriétaire et son animal deviennent précaires, lorsque la violence a remplacé la patience.
Nombreuses conséquences négatives
Outre le fait que le chien ne comprend pas les actions qui ne s’inscrivent pas dans son répertoire normal des comportements de son espèce, les répercussions sont observables à différents niveaux : ses capacités d’apprentissage, de concentration, de motivation, et par conséquent son bien-être sont impactés.
Tout aussi ennuyeux, si la punition est donnée au mauvais moment et de la mauvaise façon, elle augmente ou renforce certaines attitudes au lieu de les éteindre.
N’oublions pas un effet particulièrement négatif voire dangereux : l’agressivité. Lorsqu’il subit des brutalités alors qu’il n’en saisit pas le sens, un chien peut légitimement présenter des réflexes de défense. Sous prétexte de le rendre plus gérable, on a en fait créé un individu en permanence sur le qui-vive, qui risque de mordre parce qu’il craint pour sa vie.
Ne pas se fier à n’importe qui
Si vous ne connaissez pas les clefs de l’éducation canine sans violence, n’hésitez pas à la confier à des professionnels. En choisissant attentivement celui à qui vous allez faire confiance, veillez à privilégier les méthodes non violentes, basées sur le renforcement positif. Il s’agit de se concentrer sur les bonnes attitudes, la progression vers l’amélioration, les encouragements et les félicitations plutôt que les réprimandes et brutalités, toujours inutiles.
Comme pour l’enseignement de vos enfants, faire confiance à des spécialistes connus pour leur efficacité et leurs méthodes sera un gage de qualité et de pérennité pour le lien de confiance avec votre animal.
Laurence Bruder Sergent