Colette Bock, comportementaliste canin et félin, nous livre ses réflexions sur le comportement canin
dans le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Voici l’article paru dans l’édition du 8 novembre 2020.
Nombre de personnes se montrent intolérantes vis-à-vis des aboiements des chiens : on a beau aimer nos compagnons poilus, nous sommes quand même plus souvent en train de leur demander de se taire que de continuer de plus belle ! Et s’ils pensaient la même chose de nous ?
Et si nous entendre parler… des élections américaines, argumenter sur la nécessité de ranger le lave-vaisselle de telle manière, rappeler les enfants à l’ordre alors qu’ils déterrent les plans de tomates de Mamie dans le potager, raconter – tantôt avec entrain, tantôt avec agacement – notre journée de travail… les ennuyait tout autant ?
Ils s’adaptent bien plus facilement que nous et ils apprennent non seulement à vivre dans ce brouhaha qui ne leur évoque pas grand-chose et en plus, à ne pas nous en tenir rigueur. Merci les chiens ! Mais la moindre des choses, dans nos interactions avec eux, c’est de limiter le flot de paroles à leur égard. Bien sûr, ils nous comprennent souvent mieux que nous ne les comprenons. Mais en nous adressant à eux, on les noie trop souvent sous quantité d’informations orales qu’ils doivent trier, analyser, parfois exécuter. Or ça n’a rien de naturel pour eux d’utiliser les sons comme premier mode de communication.
Avez-vous déjà observé des chiens se rencontrer et interagir (sans laisse ni grillage les entravant) ? Ces rencontres se font bien souvent dans un grand silence et pourtant, il s’en échange, des informations : qui es-tu ? es-tu plutôt du genre « sûr de toi » ? comment vis-tu cette rencontre ? qu’as-tu mangé récemment ? veux-tu faire une course poursuite ? veux-tu plutôt que je reste à distance ?
Ce n’est pas prioritairement par des sons que les chiens s’expriment mais bien par les odeurs, en détournant le regard, en remuant la queue, en s’aplatissant, en montrant les crocs, en s’immobilisant… Puisque nous n’avons pas autant de flair que nos compagnons, concentrons-nous sur notre gestuelle ! Il est parfaitement possible de se faire comprendre uniquement grâce à notre corps (c’est d’ailleurs pour cela qu’éduquer un chien sourd n’a rien de sorcier) : en pointant du doigt un objet, en souriant, en se retournant, en s’accroupissant les bras ouverts… Il a d’ailleurs été démontré qu’une demande par un geste est plus facilement comprise par nos chiens que lorsqu’elle est exprimée verbalement. Alors… à vous de jouer !
Les chiens vous « diront » merci… à leur manière !