Il n’est pas facile de s’y retrouver parmi toutes les offres existantes entre l’élevage professionnel avec plus ou moins de reproducteurs, un salon de ventes d’animaux façon « marché aux bestiaux » et les particuliers qui font reproduire une chienne de temps en temps.
Les premières semaines de vie des chiots sont déterminantes pour leurs avenirs.
En plus de leur hérédité génétique, toutes les expériences qu’ils vont connaitre auront une influence sur leur manière de se comporter à l’âge adulte. S’ils ont grandi dans un environnement pauvre ou riche en termes de stimuli sensoriels et d’apprentissages, ils auront plus ou moins de facilités à s’adapter à leur nouveau lieu de résidence et seront de plus ou moins bons compagnons.
Quelques repères
Il est conseillé de choisir un lieu de naissance et de croissance le plus proche possible des conditions de vies futures du chiot. Si vous habitez à la campagne, avec peu de bruits, de passages humains et de circulation de véhicules, mieux vaut privilégier un contexte similaire afin que votre futur compagnon ne soit pas trop déstabilisé par les nouveautés.
En effet, il aura construit durant ses premières semaines, un certain seuil de référence en termes de tolérance aux stimulations de ses sens, et s’il est confronté à de grands changements par rapport à ce qu’il connaissait, il pourrait en être particulièrement chamboulé.
Il en va de même si vous résidez en ville : afin d’éviter de trop grands changements qui bouleverseraient ses émotions (peurs et stress,..) et génèreraient éventuellement des difficultés d’adaptation avec les problèmes de comportements associés, mieux vaut y réfléchir avant de passer à l’acte d’achat. Une trop grande différence entre ses acquis passés et son nouveau mode de vie pourrait être difficile à combler.
Présences humaines et animales
Outre l’environnement géographique, la présence ou l’absence d’autres animaux (notamment d’autres espèces que « canis familiaris ») et de personnes de tous âges, peut être fort utile à connaître. Imaginez un élevage sans enfant, alors que vous en avez plusieurs. Et un environnement sans autres animaux, alors que vous cohabitez avec des chats, des rongeurs, un lapin et un perroquet. Que d’efforts à fournir pour le jeune sujet qui arrivera dans son nouveau foyer ! Bien sûr ce n’est pas insurmontable, mais si on peut lui éviter ces difficultés en réfléchissant en amont, c’est mieux pour tout le monde.
Vos attentes et ses possibilités
Enfin, il est nécessaire de faire le point sur ce que l’on attend de son animal, et notamment les possibilités ou impossibilités offertes par la race à laquelle il appartient. Imaginez que vous soyez adepte des promenades au grand air quelle que soit la météorologie : iriez-vous acquérir un animal frileux (certains poils courts) et adeptes des siestes sur canapé ?
Surtout pas les salons
Certains vendeurs particulièrement efficaces seraient capables de vous faire croire que les chiens sont capables de s’adapter à tout. Ce n’est pas totalement inexact, mais le prix à payer pour s’adapter est parfois bien rude pour l’animal. En plus de conditions de naissance impossibles à vérifier, de fréquentes séparations trop précoces avec la mère, les chiots présentés dans ces lieux de ventes sont parfois déjà traumatisés alors qu’ils ne sont mêmes pas encore arrivés dans leurs nouveaux foyers.
Vous l’avez compris, le choix de l’animal qui partagera votre vie durant de longues années doit être murement réfléchi pour éviter des écueils pourtant prévisibles.
SOS comportementaliste
Magali est en train de ré organiser sa vie professionnelle. Elle est en train de devenir auxiliaire de vie pour les personnes en situation de handicap et voudrait acheter un chien de race akita inu, qu’elle emmènerait avec elle dans ses tournées. Elle a déjà repéré un élevage de chiens de race situé en pleine nature et estime que les conditions sont idéales pour avoir un sujet équilibré et bien dans sa peau.
Malheureusement mon opinion est quelque peu différente.
En premier lieu, la race envisagée pour son futur partenaire canin n’est pas le choix le plus judicieux de prime abord. Bien entendu les akita sont capables d’accomplir un grand nombre d’actions, mais il n’est pas certain qu’ils y trouvent leurs comptes, en terme de bien-être émotionnel et psychologique. Ensuite, le niveau de stimuli rencontrés dans son lieu de naissance risque d’être très différent des allers et venues continuels de Magali chez ses clients, qui se rendra sans doute dans des appartements et des maisons, en ville et à la campagne, dans des familles et chez des personnes seules. Il est donc à craindre que l’animal vive de grandes perturbations par rapport à ce qu’il connait, et qu’il devra mettre en œuvre tous les processus possibles d’adaptation. Le résultat n’est malheureusement pas prévisible, ni garanti de manière infaillible. Je conseille donc à Magali de réfléchir à des alternatives, en apparence moins risquées par rapport à son projet professionnel.
Laurence Bruder Sergent