Colette Cuenot Bock, comportementaliste canin et félin, nous livre ses réflexions sur le comportement canin
dans le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Voici l’article paru dans l’édition du 18 juillet 2021.
Il est des cas où la maltraitance envers nos animaux est indiscutable : des faits divers lugubres rapportent à la connaissance du grand public des animaux entassés dans des conditions insalubres, ou attachés sur un balcon à longueur de journée sans eau ni ombre… Mais parfois, la frontière avec la maltraitance est moins évidente.
Que penser de laisser régulièrement un chien seul de 8h à 17h sans compagnie ni sorties ? Est-ce que mettre un collier anti-aboiement à un chien, ce n’est pas totalement aberrant ? Est-ce que retirer l’eau la nuit à un chiot parce qu’il ne sait pas encore se retenir relève vraiment de la bientraitance ? Est-ce que ne pas les laisser flairer en balade et avancer en « marche forcée » est vraiment respectueux ? Et qu’en est-il lorsqu’on partage avec lui ces délicieuses odeurs de repas cuisiné et qu’on exige qu’il ne montre aucun intérêt ?
Dans tous ces cas et bien d’autres, on ne cherche pas à comprendre pourquoi le chien produit ce comportement. On cherche juste à corriger ce qui semble être un défaut à nos yeux. L’éducation d’un chien peut-elle prendre une tournure coercitive ou violente simplement parce qu’elle vise un objectif louable ? La réponse nous saute pourtant aux yeux.
Chacun de leurs comportements, qu’ils nous plaisent ou non, répondent à un besoin. Parfois, nous déclenchons nous-mêmes des comportements qui nous agacent. C’est un cercle vicieux, leurs réactions ne sont qu’une réponse à l’environnement imposé : le chien frustré d’être derrière un grillage sans activité aboie sur les passants, voitures ou chiens qui passent, donc certains lui mettront un collier anti-aboiement ; pour évacuer son stress (augmenté sous l’effet des décharges électriques qu’il subit), le chien peut par exemple s’automutiler plus ou moins gravement ou développer des maladies liées à ce stress chronique.
Et il existe aussi des « violences invisibles » – toutes ces contraintes, plus légères mais quotidiennes, que nous leur faisons subir, sans qu’ils aient de possibilité de s’y soustraire : quand ils doivent manger, dormir, faire leurs besoins, avec qui ils doivent cohabiter, qu’ils acceptent des caresses de n’importe qui n’importe quand, s’ils peuvent se rouler dans la boue ou non…
Et vous, quelles habitudes pouvez-vous revoir pour mieux traiter – selon leurs besoins, pas selon les nôtres ! – nos chiens ? Quels interdits pouvez-vous lever pour cesser de nier leur part d’animalité ?
Colette CUENOT BOCK