Voilà un mot qui ressort très souvent dans la littérature affiliée aux animaux. « L’éthologie » n’est-elle qu’une clé marketing, une mode, un morceau indistinct de zoologie ?
Pour Vox Animae, l’étude du comportement des animaux est l’un des socles de nos enseignements avec la psychologie : prétendre améliorer les conditions de vie des animaux et des humains sans avoir étudié scientifiquement leurs attitudes, motivations et besoins amène des aberrations du type cracher sur un chien, et des maltraitances de toutes sortes, parfois en pensant faire le bien, parfois en usant de violence.
Illustrer la science la rend plus accessible, et le 9e art a cette faculté, grâce à des talents comme ceux de Gilles Macagno, de combiner la pédagogie et la conceptualisation visuelle. « L’animal le plus intelligent du monde » aux éditions Delachaux et Niestlé offre un décodage bienvenu de ce que recèle la compréhension que nous avons aujourd’hui du fonctionnement des animaux.
L’éthologie, c’est évaluer l’intelligence des animaux ?
Comme l’humain, et historiquement l’homme blanc, s’est placé au sommet de la hiérarchie de l’intelligence sur notre planète, c’est avec un recul objectif qu’on pouvait attendre de lui un classement des espèces animales. Nos expressions communes en découlent, irradiant l’image projetée sur les animaux, pour le meilleur et pour le pire : « fidèle comme un chien », « malin comme un singe », « fier comme un paon », « muet comme une carpe », « suivre comme un mouton », « têtu comme une mule », « caractère de cochon », « langue de vipère », « cervelle d’oiseau »…
Jusqu’à il y a peu, l’arbitrage empirique sur l’intelligence animale était évidemment biaisé car anthropomorphisé. Le travail des éthologues, éthologistes et docteurs en éthologie est d’élaborer des protocoles afin de comprendre les capacités qui sont déployées par les animaux pour vivre, s’adapter et évoluer dans leur environnement. Il n’y a pas de sens à vouloir comparer des espèces différentes sur leur faculté à compter, par exemple, tel qu’on le suit dans cet ouvrage.
L’éthologie, c’est déterminer ce qui est inné et ce qui est acquis ?
Distinguer les aptitudes innées héritées de la sélection naturelle et celles acquises de façon individuelle par les mécanismes cognitifs pourrait être un but de l’éthologie. A la suite de Descartes, on pourrait dissocier l’instinct d’un signe d’intelligence ! Pour la Docteure en éthologie Agatha Liévin-Bazin, qui a collaboré au livre, « ce débat aujourd’hui obsolète (l’inné et l’acquis sont inextricables) a laissé place à d’autres questionnements. Que se passe-t-il réellement dans la tête des animaux, par exemple, et est-ce aisé de le mesurer ? » Se projeter dans les modes de perception, de traitement de l’information, d’interprétation, de réflexion et de réaction des animaux est déjà un défi.
Le professeur de sciences naturelles Gilles Macagno rappelle qu’il y a de nombreuses intelligences différentes, qui ne nous sont d’ailleurs pas toujours accessibles à nous, humains. En parcourant « l’animal le plus intelligent du monde », on peut faire un point tout à fait actualisé sur les recherches en cognition physique et sociale, ou en théorie de l’esprit. Les animaux mentent-ils ? ont-ils une conscience du beau ? Et puis encore, auraient-ils (ou plus exactement, leur donnera-t-on le droit d’avoir) des sentiments tels que l’amour, l’amitié, la jalousie, la haine…?
Avec humour, précision, finesse, l’histoire, les principes et les derniers travaux scientifiques sur l’éthologie sont à portée de tous les humains intelligents !
