Bêtises : intervenir sans violence
Comment réagir pacifiquement lorsque votre chien adopte un comportement qui vous déplait ?
Il est entendu qu’en notre absence, nous ne pouvons pas vraiment intervenir pour faire cesser ce qui est parfois abusivement nommé « bêtises ». L’humain nomme généralement ainsi les grignotages de télécommandes, de meubles, de vêtements ou d’objets abandonnés, ou encore les malpropretés. Même si elles sont indésirables, ces attitudes sont forcément utiles à quelque chose pour lui, puisqu’elles se manifestent.
En votre absence : anticipation
La première étape de la méthode consiste ainsi à faire preuve de Bon sens : un chien est un chien, il a les conduites qui correspondent à son espèce, à son âge, à son statut dans la famille et à son environnement qui le stimule plus ou moins. Il faut donc anticiper, ranger, s’organiser. Si vous avez un chiot qui explore son environnement avec ses dents, laissez-lui des jouets, des objets à détruire et des occupations du type « problèmes à résoudre ». Pour les sujets qui ont tendance à fuguer : clôturez le jardin ! S’il monte sur le lit alors que vous ne le souhaitez pas, fermez l’accès à la chambre. Cette liste n’est pas exhaustive.
En votre présence : plusieurs étapes
En flagrant délit il est utile de se demander si le comportement qui vous déplait est si grave que cela. En effet, il est fréquent que les propriétaires interviennent imméditement et interdisent des postures pourtant normales. S’il creuse allègrement le sol en promenade, il est Evident qu’il ne faudra pas systématiquement le faire cesser… sauf si c’est dans le parterre de fleurs du voisin. Vous pourrez alors proposer une distraction, c’est-à-dire Transférer son attention sur autre chose. Partir dans une direction opposée si vous êtes en extérieur, ou vous diriger silencieusement vers le placard à croquettes (sans l’ouvrir ni lui en donner) si c’est dans le foyer, captera son attention et l’incitera à délaisser son activité pour vous suivre.
En cas d’échec, une autre technique
Alors que dans les situations précédemment évoquées, l’humain intervient peu vocalement et physiquement, le prochain niveau nécessite une action plus marquée : faire preuve d’Imagination pour détourner son attention vers quelque chose d’agréable, comme jeter sa balle à distance pour qu’il lui soit nécessaire de se déplacer, ou toute autre chose de plus gratifiant que ce qu’il détient, comme des friandises. Il sera alors facile de récupérer sans rapport de force ni frustration pour lui votre téléphone bien aimé, puisqu’il l’aura abandonné momentanément pour céder à la tentation offerte.
Méthodes non violentes
Ces quatre techniques sont totalement non contraignantes pour le chien, et elles fonctionnent pour toutes les situations qui n’ont pas une énorme valeur pour lui. Il n’est pas nécessaire de les appliquer toutes, mais de s’ajuster à chaque contexte et selon le niveau de gravité que l’on accorde à son comportement.
Méthode B.E.T.I.S.E.S.©
La méthode B.E.T.I.S.E.S. suite
Après le laisser faire (bon sens), l’anticipation (évidence), la distraction (transférer son attention) et l’imagination, et voyons à présent trois autres stratégies que l’on peut appliquer lorsqu’un chien adopte, sous nos yeux, une attitude qui nous déplait.
Nous évoquions dans le dernier article (voir DNA du 23 Mars 2014) le fait que l’humain a tendance à réagir très vite, parfois trop, lorsque son animal choisit un comportement non désiré, et nous avons parcouru quatre alternatives qui n’ont pas de conséquence négative pour lui mais qui ont l’avantage de le faire délaisser ce qui l’occupait.
Pour autant il faut bien admettre que lorsque Médor est captivé par quelque chose qui le stimule à un niveau tel que plus rien ne compte pour lui, d’autres manœuvres sont à mettre en action.
Insupportable ?
On pourra Soustraire l’intérêt, par exemple en rendant la situation désagréable pour lui. Ne lui faites surtout pas mal ni peur, il n’apprendrait rien ainsi et vous ne seriez pas un bon pédagogue. En expérimentant les conséquences de sa conduite, il mémorise beaucoup mieux que si on le violentait. Concrètement, s’il saute sur vous, tournez-lui le dos sans un mot, ne lui donnez pas un coup de genou dans le thorax (maltraitance encore trop souvent véhiculée). Si vous vous éloignez systématiquement de lui dès qu’il bondit ainsi, il fera l’apprentissage après plusieurs répétitions, que sa posture ne lui apporte que la rupture du contact avec vous, ce qu’il ne souhaite pas, et cessera peu à peu de l’exprimer.
Infernal ?
Lorsqu’aucune des alternatives précédentes n’a fonctionné, il reste l’éloignement, c’est-à-dire mettre le chien à l’écart, le temps qu’il se calme. Cela prend généralement quelques secondes ou quelques minutes. Il est alors temps de lui permettre de revenir près de nous. Sachez tout de même que cette mise en périphérie génèrera en premier lieu une frustration, donc des aboiements, des grattages de porte, des gémissements […] et à son retour parmi vous… un recommencement immédiat de ses agitations ! Il faut alors reprendre la séquence d’isolement provisoire à de nombreuses reprises et grâce à ces enchaînements, il apprendra que sa présence parmi vous est conditionnée à son bon comportement. Il ne s’excitera plus comme avant puisqu’il aura appris que cela génère immédiatement sa mise à distance. Cette étape demande de la constance de la part des propriétaires et de la motivation : il ne faut pas perdre de vue son objectif et recommencer autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que ce nouvel apprentissage soit acquis.
Stopper
Pour les urgences, comme lorsqu’il grignote votre téléphone ou le tapis persan du salon, il ne reste plus qu’une solution dont il ne faut surtout pas abuser sous peine qu’elle ne perde de son impact : le stopper instantanément. D’une voix décidée, il s’agit de prononcer son nom et l’injonction de cessation associée. Normalement votre chien arrêtera ce qu’il faisait… pour recommencer quelques secondes plus tard si vous n’êtes pas revenu à l’étape T, soit transférer son attention sur autre chose. Eh oui, cette réaction que nous adoptons tous à la première contrariété est aussi celle qui tourne très souvent à notre désavantage lorsque l’on néglige de l’utiliser à bon escient.
S’adapter systématiquement
Heureusement il n’est jamais nécessaire d’appliquer les 7 techniques en même temps, il suffit de choisir celle qui est la plus efficace au regard du contexte situationnel et du profil du sujet.
La méthode B.E.T.I.S.E.S. incite l’humain à réfléchir avant d’agir et a l’avantage d’être satisfaisante pour l’un sans nuire à l’autre. Faisons l’effort, pas les forts !
Laurence Bruder Sergent