La sélection des races de chat est plutôt récente. On estime ses débuts il y a environ 200 ans. Contrairement au chien, cette sélection est faite principalement sur des critères esthétiques et non sur l’utilité (travail) ou la fonction de l’animal. Au cours des premières décennies, il n’y a que cinq races de chat qui furent développées. De nos jours, il n’existe pas loin d’une centaine de races de chats dans le monde (dont une soixantaine en France).
La question souvent posée est : est-ce qu’il existe des différences comportementales entre les races de chats ?
Comme les races pures sont sélectionnées sur des critères esthétiques, on pourrait penser qu’il n’y a que peu de différences comportementales entre les races. Et pourtant… De nombreux propriétaires de chat, les élevages ainsi que les descriptions des chats de race sur internet rapportent régulièrement des différences comportementales. Par exemple, la personnalité du Birman est décrite comme calme et posée, tandis que l’Oriental est réputé pour être actif et bavard.
Vous le savez bien, on peut difficilement se baser sur des observations subjectives pour en faire des affirmations universelles. Alors, afin de tester ces nombreuses observations, plusieurs études récentes se sont penchées sur la question de l’héritabilité et la génétique des traits comportementaux chez les petits félins. Plusieurs traits comportementaux y sont évalués afin de déterminer s’il existe des personnalités particulières liées à la race. En fonction des études, on retrouve l’analyse de différents facteurs comme la peur (envers les étrangers ou les choses nouvelles), le niveau d’activité/jeu, l’agressivité envers les humains, la sociabilité envers les chats, la recherche de proximité de l’humain, le toilettage excessif, etc… Des tendances comportementales chez les races en ressortent. Ainsi, dans l’étude de 2019, des résultats concordent avec d’autres études : les British Shorthair rechercheraient moins le contact humain contrairement au Korat et au Devon Rex qui seraient les plus susceptibles de le rechercher. Les Persans seraient les chats les moins agressifs. Les races les plus actives seraient le Cornish Rex, le Korat et le Bengal, tandis que les moins actives seraient le British Shorthair, le Ragdoll et le Birman.
Autre particularité, les Orientaux seraient plus susceptibles de développer des comportements stéréotypés (comme le toilettage excessif) que d’autres races.
Fait surprenant, les chercheurs ont trouvé une corrélation génétique positive entre le contact avec les gens et le niveau d’activité chez les Ragdolls et les Maine Coons. La race Ragdoll est caractérisée par sa personnalité calme et détendue. Ainsi, en sélectionnant des chats calmes et peu actifs, les éleveurs de Ragdoll pourraient sans le vouloir favoriser des chats cherchant peu de contact avec les gens. Ainsi, dans cette étude, la faible tendance à rechercher un contact humain serait corrélée à un faible niveau d’activité et des poils longs.
Néanmoins, certains résultats contredisent ceux d’études antérieures, notamment sur la recherche de contact humain de l’Abyssin et des Orientaux, sur l’agressivité du Bengal et la tendance craintive chez les Abyssins et les Persans. La recherche continue pour mieux comprendre la différence de comportements entre les races et l’héritabilité des facteurs de personnalité chez le chat mais aussi chez le chien.
Enfin, bien que des traits comportementaux soient en partie hérités, l’environnement dans lequel un chat grandit et sa socialisation/familiarisation durant ses premiers mois de vie jouent également un rôle clé dans son comportement. N’oublions pas non plus les différences individuelles. Chaque chat est différent et a un développement et une histoire de vie différente. Il sera important de le prendre en compte lors d’une adoption.
Dr Pauline SALVIN
Docteure en éthologie et formatrice