Le mois dernier nous parlions des hypertypes chez le chien. Pour rappel, les hypertypes sont l’accentuation à l’extrême de traits distinctifs propres à certaines races animales domestiques. Il existe également ce phénomène chez nos amis félins. Depuis quelques années, nous voyons apparaitre des races de chats avec diverses morphologies : queue absente, oreilles pliées, brachycéphalie, pattes extrêmement courtes, très grande taille, yeux agrandis, tête de plus en plus large, absence totale de poils.
Les chats peuvent souffrir de ces particularités physiques qui peuvent devenir handicapantes pour eux. En effet, certaines de ces particularités physiques extrêmes sont à l’origine de problèmes médicaux, de douleurs ou d’inconfort et affectent le bien-être de l’animal : gêne respiratoire, affection cutanée, oculaire, difficulté de locomotion ou de mouvements, toilettage compliqué, etc. Certaines de ces problématiques deviennent également héréditaires.
Nous pouvons citer les exemples suivants :
- Tendance à la dysplasie de la hanche chez le Maine coon.
- Absence d’une vertèbre thoracique ou cervicale possible chez le Manx (sans queue) mais également possibilité d’une malformation de la colonne vertébrale dans la région sacrée (spina bifida). Les conséquences pour l’animal sont des difficultés à se mouvoir ou à faire ses besoins.
- Cas d’ostéochondrodysplasie sévère chez les Scottish/Highland Fold.
- Difficultés respiratoires et affections oculaires chez les races brachycéphales (Persan, Bombay, Burmese, British/Exotic shorthair…).
- Difficultés à la mise bas chez certaines races brachycéphales car la tête des fœtus est grosse et le bassin de la femelle est étroit ; mais également chez des races dolichocéphales (crâne et museau allongé, comme chez les races orientales : Siamois, Cornish Rex). Bien que pour ces derniers, il semblerait que cela ne soit pas l’anatomie qui soit en cause.
On parle moins des effets négatifs de ces hypertypes sur la communication entre les congénères. Pourtant, ces difficultés sont aussi présentes. Un chien ou un chat ayant la face aplatie ne pourra pas produire des signaux de communication aussi visibles et efficaces qu’un individu à la face plus allongée. Un animal aux oreilles tombantes n’enverra pas les mêmes signaux qu’un individu aux oreilles dressées. L’absence de queue ou de poils pourra aussi impacter négativement la communication.
Heureusement, les mentalités commencent tout de même à changer, du côté canin comme du côté félin. Le tribunal de district d’Oslo en Norvège a décidé unanimement l’interdiction d’élever deux races brachycéphales, races à face aplatie : le Bulldog Anglais et le Cavalier King Charles, suite aux nombreux problèmes de santé graves chez ces races au cours de ces dernières années. D’autres pays comme la Suède, l’Irlande, les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Angleterre réfléchissent aussi à l’interdiction de certaines races, en particulier les brachycéphales. En Belgique, des propositions ont été données pour interdire certains hypertypes chez les chats. Les croisements entre deux chats avec les oreilles pliés vers l’avant sont interdits par le LOOF depuis 2020.
Dr Pauline SALVIN
Docteure en éthologie et formatrice