Chronique le livre « considérer les animaux – une approche zooinclusive », d’Emilie Dardenne (PUF), pour passer des intentions aux actions !
C’est un livre référence qu’a écrit Emilie Dardenne, en lançant le concept de zooinclusivité.
Depuis l’animal de compagnie jusqu’à la nourriture, en passant par les loisirs (faire de l’équitation, chasser, aller au zoo…), le mobilier, les vêtements et chaussures (fourrure, cuir…), les produits d’entretien, de beauté (testés sur des animaux…), la vie d’animaux est engagée dans chacun de nos gestes du quotidien.
Parvenir à s’engager pour la cause animale
Cette prise de conscience s’accompagne d’une volonté de plus en plus forte d’améliorer la vie des animaux ou d’atténuer leurs souffrances : 84% des Français pensent que la protection animale est une cause importante. Cependant, à l’échelle individuelle, le challenge peut paraître inatteignable, soit parce qu’il est difficile de renoncer à certains plaisirs et habitudes, soit parce que la liste des sévices subis par les animaux paraît infinie.
Dans son approche zooinclusive, la maîtresse de conférences et responsable du DU « animaux et société » de l’université de Rennes 2 Emilie Dardenne encourage à mettre en œuvre des pratiques bénéfiques dans la durée, selon les objectifs que chacun pense justes, sans condamner nos agissements ambigus (manger de la viande, dératiser, aseptiser…). De façon pragmatique, cette démarche vise à « encapaciter » celles et ceux qui aspirent à améliorer la condition animale en favorisant des applications concrètes, en fonction des possibilités individuelles et collectives : aux niveaux personnel, familial, communautaire (éducation, recherche, entreprise), sociétal.
Faire évoluer notre société par de nombreux canaux
Grâce à de nombreux exemples, réaliser des actions en faveur des animaux devient accessible et quantifiable. Chacun peut s’engager à sa mesure au niveau individuel en ajustant ses consommations, en laissant la vie se développer dans son jardin ou en utilisant un vocabulaire authentique (misothère, notre langage déforme ou masque la réalité). Il est possible de toucher une population plus grande en participant à l’éducation de ses proches par la sensibilisation à la maltraitance animale, en évoquant le lien avec les comportements violents d’humains notamment dans la cellule familiale (the National Link Coalition, évoqué notamment en France par AMAH), en mettant en place dans son entreprise une démarche de responsabilité sociétale (RSE, par exemple avec l’outil « animalyse » d’Anne-Laure Meynckens, dont Vox Animae est détenteur depuis 2022). Soutenir les structures nationales ou internationales (ONG, associations…) mais aussi les initiatives locales en participant à des actions, des mouvements, des rencontres… augmente la résonnance politique pour mobiliser les élus dans leurs prises de décisions, par exemple sur les commandes publiques qui représente 10% du PIB national, sur la sanctuarisation d’un espace, ou sur la reconnaissance d’une personnalité juridique technique qui permettrait d’octroyer des droits adaptés aux animaux.
Améliorer doucement mais sûrement les pratiques
Mettre fin à la violence envers les animaux, qu’ils soient de compagnie, de rente, sauvages ou liminaires (qui vivent en liberté dans l’espace urbain) ne peut se faire sur du court terme ni seul. C’est donc une approche « welfariste » que propose Emilie Dardenne dans ce livre « considérer les animaux – une approche zooinclusive », approche qui a fait ses preuves de manière scientifique (voir « comment sauver les animaux ? une économie de la condition animale » de Romain Espinosa) : l’amélioration continue des pratiques est plus efficace que le changement brutal, qui active des mécanismes de réactance, de blocage.
L’intérêt de ce livre est multiple car il donne accès à de très nombreuses références pour enrichir son positionnement dans le mouvement de l’amélioration de nos conditions de vie, il offre une large palette de pistes d’engagement, sans culpabilisation, il apporte une vision pacifiste permettant de surmonter l’« anthropodéni » décrit par l’éthologue Frans de Waal.
Inclure les singularités des animaux dans notre modèle sociétal permettra de répondre aux problématiques de leur bien-être, mais au-delà, de considérer nos intérêts communs, pour mieux vivre ensemble.