Quelques jours après la Saint Valentin une demande innocente et touchante m’a été faite par une jeune demoiselle qui se questionne sur les amours canins : peuvent-ils tomber amoureux ?
Les avis sont partagés. Sollicité via internet sur un réseau social, Vincent ironise sur le fait que ses chiens sont surtout épris de la gamelle de nourriture ou du canapé.
Jean Marc évoque le fait que dans son groupe de chiens il y a des alliances entre deux, qui sont plus fortes que d’autres « couples » qui vivent aussi sous le même toit.
Un autre propriétaire raconte que son meilleur ami a plusieurs congénères qu’il apprécie particulièrement, mais qu’il n’accorde des privilèges supplémentaires à aucun.
La prudence scientifique
Il nous fait plaisir de croire que nos chiens développent des liens aussi puissants que nous avec nos conjoints, qu’ils soient à durée déterminée ou indéterminée.
A ce jour les études scientifiques dont nous disposons ont confirmé qu’ils ressentaient des émotions comme la joie ou l’excitation, et ont apporté les preuves de l’attachement entre chiens, et entre chiens et humains. Mais elles font la distinction avec les sentiments sensés s’étaler dans le temps tel que l’amour. La porte reste cependant entre-ouverte : l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence.
Un jour trouvera-t-on des éléments tangibles allant dans le sens de l’existence de profonds et pérennes affects.
Preuves d’amour ?
Evidemment pour bien répondre à la question de Rosalie, il serait nécessaire de se mettre d’accord sur la définition de l’amour, ce qui n’est pas le plus facile. S’agit-il d’un attachement profond entre deux êtres sans lien avec leurs espèces ou sexes ? Concerne-t-il uniquement un couple dont les cœurs battent à l’unisson ? Peut-on l’identifier grâce à la progéniture qui en découle ? Les comportements affiliatifs observés sont-ils révélateurs de mœurs proches de ceux des hommes ?
L’on voit souvent des associations préférentielles, c’est-à-dire deux individus qui passent plus de temps ensemble, partagent des activités communes, sont proches géographiquement l’un de l’autre, s’échangent leurs paniers ou leurs jouets, acceptent des comportements qui ne seraient jamais tolérés avec un autre sujet, se regardent plus souvent que d’autres. S’agit-il là d’amour, d’intérêt pour l’autre, de tolérance ciblée ou de simples points communs ? Dans ces fameux rapprochements entre deux, l’attirance sexuelle est souvent déconnectée de l’attachement, les mâles ne prêtant attention aux femelles que deux fois dans l’année, pendant la période des « chaleurs ». Ils peuvent même chercher à se reproduire avec une autre femelle, avec laquelle les liens sont moins puissants !
Quand l’humain s’en mêle
Les rapprochements affectifs ne sont pas ou peu pris en compte par les éleveurs, qui dictent les alliances entre lices et étalons et contrôlent de nombreux paramètres, même quand l’environnement n’y est pas propice d’emblée.
Et nous-mêmes, simples propriétaires qui adoptons deux chiens ou plus, leur imposons une vie commune sans avoir évalué leur compatibilité sentimentale ni leurs préférences.
Nous attendons souvent de nos animaux de compagnie qu’ils s’apprécient, alors que, comme nous, ils peuvent avoir des incompatibilités.
La réponse la plus neutre à la question posée serait de dire que oui, il y a des comportements affiliatifs entre paires d’individus mais que la recherche de partenaire n’est pas systématique pour tous les chiens.
Comme chez les humains ?
Laurence Bruder Sergent
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