Christine s’est fait mordre par son chien cette semaine. Il avait un amas de glace entre les coussinets et elle a voulu le lui retirer.
Paco est un chien plutôt sympathique d’habitude, d’un tempérament facile et collaborant. Mais après une grande balade dans la neige au Donon, il n’a pas du tout apprécié que Christine veuille le soulager et il l’a mordue lorsqu’elle a tiré sur ses poils pour le libérer de la froide sensation.
Question de perception
Nombreux sont les témoignages de professionnels ou particuliers qui relatent des expériences négatives alors que leurs intentions étaient amicales vis-à-vis d’animaux en détresse ou en souffrance. Les réflexes de défense des animaux sont effectivement fréquents car ils ne perçoivent pas la situation de la même manière que nous.
Nous voulons les aider, certes, mais ils ne le savent pas. Certains croient qu’on les agresse puisque l’on apporte un désagrément supplémentaire lors d’un moment qui est déjà douloureux. Ils ne raisonnent pas sur le fait qu’il faut en passer par une intervention pour obtenir ensuite la cessation du mal. D’où leurs vives réactions. « Un mal pour un bien » ne fait pas partie de leurs considérations.
Réconfort et confiance en son maître
Lorsque le chien et le maître ont une relation de confiance, on augmente la tolérance au contact tactile. En effet si le chien a appris que son propriétaire était bienveillant à son égard en toutes circonstances, les chances qu’il accepte un instant déplaisant sont augmentées. A l’inverse, s’il y a peu de moments heureux dans le quotidien du binôme, que le chien et l’humain cohabitent sans valeur affective forte, les probabilités que l’animal ne se laisse pas faire seront, elles aussi, impactées défavorablement. Il réagira de manière moins placide voire plus vigoureuse en cas de désagrément physique, car il n’a pas de raison d’accorder sa confiance à quelqu’un qui n’en est pas vraiment digne…. à ses yeux.
Entraîner pour éviter les manifestations négatives
Un moyen assez fréquemment utilisé par certains zoos pour limiter les risques de conduites agressives par irritation ou douleur est de pratiquer ce que l’on appelle le « medical training ». Il s’agit de préparer très fréquemment les animaux à être touchés dans des moments où il n’y a pas de pathologie, afin d’éviter de recevoir des manifestations violentes le jour où il faudra intercéder car il y a un problème. Si l’animal a appris à tolérer une petite contrainte, la contention ou l’immobilisation, il ressentira moins de stress et se comportera différemment dans un moment délicat.
Les propriétaires de chiens de compagnie pourraient s’inspirer de ces méthodes en leur apprenant dans la douceur à supporter ces petits inconvénients pour que le jour où survient un vrai problème, ils coopèrent plus facilement. Bien entendu il s’agit de procéder avec parcimonie et modération, il ne serait adapté d’entraîner tous les jours son chien à supporter qu’on lui examine les oreilles, les yeux ou les dents.
Comme toujours avec nos animaux, il y a lieu de veiller à créer une ambiance chaleureuse au quotidien : il n’y a que des bénéfices à enrichir sa relation à l’Autre.
Laurence Bruder Sergent