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Peut-on prédire une morsure ?

Par Laurence

Dans son besoin constant de contrôler son environnement, l’homme cherche à obtenir des réponses claires, précises et surtout, immuables. Lorsqu’il s’agit d’êtres vivants, cela n’est pas évident du tout.

Pascale m’a demandé d’évaluer son chien Schmoutz. Elle craint qu’il morde un jour ses enfants.
Jean-Marc est persuadé que Filou va finir par blesser un de ses congénères.
Une enquête circonstanciée est à mener.

Tempéraments et critères de races

Parce qu’il faut bien commencer quelque part, je m’intéresse en premier lieu aux profils émotionnels de l’un comme de l’autre. Comme son nom alsacien l’indique, le premier a tout de la boule de poil adorable. Issu d’un élevage réputé, sa généalogie est certifiée, il a même été confirmé par un Juge qui s’est assuré de sa conformité au standard de la race. Il s’entend bien avec les enfants, il n’y a jamais eu aucun épisode laissant penser qu’il pourrait mordre un jour. Entraîné à l’obéissance de base, il est plutôt coopérant et sympathique au quotidien et défend sa famille avec un grand talent lors de n’importe quelle abord de la clôture. Ses humains l’ont toujours félicité quand il s’agissait de protéger le jardin : gare à celui qui passe la main par-dessus la clôture, il sentirait les babines de Schmoutz sur ses doigts et quelques éraflures incisives.
Filou concourt dans une autre catégorie. Bagarreur avec les chiens mâles, appartenant à une lignée sélectionnée pour son aspect dissuasif et puissant, il a le grognement facile, hérissant le poil et montrant les dents dès que l’on s’approche de lui. Il n’a cependant jamais mordu aucun chien en six longues années de vie et de menaces quasi quotidiennes. « Il grogne mais il ne mord pas », disent ses propriétaires, malgré tout peu confiants pour l’avenir.

Expériences du passé et maîtrise de leurs émotions

En apparence les éléments indicateurs sont déjà clairs, le premier reçoit nos faveurs, le second inspire de la méfiance. Ce serait pourtant un raccourci incomplet au regard des faits. Filou n’a jamais mordu alors qu’il avertit souvent. Au contraire Schmoutz a un attachement tellement fort vis-à-vis de son entourage qu’il n’hésite pas à aller au contact physique, sans être pour le moment passé à l’acte mais susceptible de le faire un jour. L’un se met en colère fréquemment mais s’arrête aux avertissements, l’autre annonce peu mais agit vite. Ils ont tous les deux vécu des expériences qui leur ont appris à réagir d’une manière dans certaines circonstances, il y a une répétitivité plus forte par la menace pour l’un, par l’agression pour l’autre.

Et l’environnement, dans tout cela ?

Cette première analyse  ne serait pas complète sans que l’on tienne compte de l’environnement de chaque animal que l’on cherche à évaluer : les attentes des humains et leur mode de vie. Les projections des propriétaires sont primordiales, pensez aux noms qu’ils ont choisi pour leurs boules de poils, elles ne sont pas anodines. Quant aux méthodes d’éducation employées, plus ou moins autoritaires, rudes ou laxistes, elles impactent forcément les comportements canins d’aujourd’hui. Et l’ambiance générale, qui offre un climat anxiogène ou rassurant doit aussi être insérée dans la balance ! Les attitudes des personnes alentours sont grandement génératrices de mal-être et donc, de morsures défensives. Un enfant harcelant ou juste trop immature dans ses gestes, un adulte violent ou testant la réactivité du chien en le provoquant, sont autant de mobiles pour un chien de chercher à se défendre.

Évaluation après antécédent

Cela n’est pas le cas avec nos deux protagonistes, mais concernant d’autres chiens qui auraient déjà mordu, un état des lieux de la gravité des blessures occasionnées devra être fait sans tarder. En effet les statistiques montrent que plus l’intensité de morsure préalable était forte et délabrante, plus le risque de récidive est élevé si rien n’est mis en place pour y pallier. Cela fait donc partie des critères importants à examiner, en même temps que tous les autres cités plus haut. Bien entendu, l’état de santé et hormonal en font partie aussi, une visite chez le vétérinaire s’impose.

Prédire, prévoir, anticiper, empêcher ?

La réponse à la question posée ne peut se limiter à un raisonnement manichéen.
Une enquête complète permet de lister les éléments réels, factuels et objectifs, d’anticiper les éventualités, et donc, de les prévoir.
Cependant des indications ne sont en aucun cas des prédictions. Nous parlons d’êtres vivants par définition inconstants, avec des affects, des caractéristiques et des paramètres individuels internes et externes.
Heureusement à l’aide des informations listées préalablement, nous avons la possibilité d’agir et donc d’éviter les risques. A condition d’accepter de se remettre en question  et de préparer une mise en place des aménagements pour ne jamais créer de situation pouvant dégénérer.

Laurence Bruder Sergent

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