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Ovidie : chien et femme, même combat face à la culture machiste !

Par Nicolas

Chronique sur le livre « assise, debout, couchée » de Ovidie

 

 

Ovidie est l’une des grandes voix féministe, revendiquant le respect moral, psychologique et physique des femmes face à leurs homologues de l’autre sexe. Pour faire avancer les mentalités et reculer le machisme, elle s’ingénie à montrer, dans son livre « assise, debout, couchée ! », que le postulat de la masculinité a soumis l’animal tout autant que l’humaine, et que la dénonciation de l’image d’Epinal du chien pourrait participer à rééquilibrer les relations avec l’homme.

 

Le chien soumis, objet d’identification d’une suprématie masculine

Il est fort, courageux, protecteur… comme son maître. Ou bien doux, affectueux et beau… comme sa maîtresse. Nombre de fantasmes circulent sur le chien, cet être attaché à l’humain (au sens propre, puis au sens figuré), docile et malléable. Armé d’anthropomorphismes et d’anthropocentrismes, notre esprit façonne les individus à notre guise, et accomplit le miracle de nous persuader de ce transfert de qualités sur nos personnes, au même titre que la possession d’une voiture aux allures sportives nous rend puissant, intrépide et invulnérable.

Pour l’autrice, cette faculté est particulièrement prégnante chez les hommes, renforcée par le modèle capitaliste et patriarcal dans lequel nous vivons : notre système culturel encourage l’exploitation des ressources, dont les animaux et d’autres humains, et conforte la hiérarchisation des êtres avec à son sommet celui qui s’impose par la force. Chiens et femmes se retrouvent contraints par la volonté du « sexe fort ».

L’élevage, les sports canins et la chasse font perdurer ces projections, où la gent masculine est surreprésentée, où le chien endure les « passions » de son propriétaire sous le prétexte de répondre à ses besoins instinctifs. Décrocher un score, un rang ou une place sur un podium ne fait pourtant pas partie de l’éthogramme canin. Mais depuis qu’il côtoie les humains, le chien s’est doté d’une forte capacité à endurer, les interactions écologiques avec notre espèce ont créé une dépendance résignée.

 

Dépendance et attachement contrôlent le mode relationnel établi avec les hommes

Au travers de ses expériences de vie, d’éléments historiques et de statistiques, Ovidie met en exergue le fait que les chiens sont les seuls animaux si proches de l’humain qu’ils en subissent tous nos travers (loisirs humains, chirurgie esthétique, déguisements…), jusqu’aux pires atrocités. Si hommes comme femmes participent à cette dés-animalisation, la soumission par action violente est nettement menée par les premiers, tandis que les secondes, comme les chiens, sont majoritairement à dénombrer parmi les victimes.

87% des 198 000 personnes mises en causes pour violences conjugales recensées en 2022 sont des hommes, et 86% des victimes sont des femmes*. « Unis dans la rouste », 1 femme victime de violence conjugale a 5 fois plus de « chance » de voir son animal menacé qu’une autre femme car l’animal est un objet de pression pour la maîtriser ; 73% des violences domestiques sur animaux sont du fait des hommes, qui touchent à 47% les chiens.

Sauver les femmes, sauver les chiens, même combat… Outre ses actions féministes, Ovidie évoque son soutien à l’Animal Libération Front (ALF) créé en 1976 au Royaume-Uni par Ronnie Lee pour stopper les expérimentations animales. En parallèle, elle raconte comment, intimement, les adoptions de ses chiens lui ont finalement porté secours, car « les chiens sont des maïeuticiens, ils aident à accoucher d’une parole », et comment ils ont participé à son émancipation du carcan masculin.

 

Faire remonter l’estime pour le clébard

Le poids de l’assistance thérapeutique apporté par ses chiens dans la vie d’Ovidie encourage sa volonté de montrer l’importance d’une cohabitation normalisée à l’échelle des besoins de chaque espèce. Ainsi, elle ne parle plus de « chien », mais de « clébards » et de « clebs », ces termes péjoratifs aux reflets hostiles, nuisibles, disgracieux, malodorants… remettant à distance l’animal de l’humain, comme pour lui redonner son authenticité naturelle.

C’est un discours que l’on retrouve dans le récent ouvrage de Cédric Sapin-Defour, qu’elle cite (« son odeur après la pluie »). Brut de décoffrage, la jonction viscérale qui peut se créer entre un humain et son chien ne devrait pas être dévoyée par un lien (une laisse, une pression psychologique…) hiérarchique. La bestialité peut être affectueuse quand chaque individu respecte l’autre.

Par ses rencontres avec des vétérinaires, des éducateurs canins, des éleveurs, des bénévoles de refuges ou encore la Docteure en éthologie Charlotte Duranton, Ovidie met le doigt sur un thème cher aux comportementalistes animaliers : rééquilibrer les relations avec l’humain doit passer par l’apprentissage de ce qu’est l’animal (grâce à l’éthologie) et de l’interprétation qu’en ont les humains (par la prise en compte de l’Umwelt, l’anthropomorphisme, la psychologie humaine). Alors il sera possible de penser notre cohabitation avec l’animal autrement qu’en termes de hiérarchie, dominance, chef, instinct territorial, mâle alpha, soumission… En évacuant ce vocabulaire de notre mode de pensée, on peut espérer un nouveau mode relationnel entre hommes et femmes.

 

* https://www.vie-publique.fr/en-bref/291834-violences-conjugales-en-2022-86-de-femmes-victimes

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