Colette Cuenot Bock, comportementaliste canin et félin, nous livre ses réflexions sur le comportement canin
dans le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Voici l’article paru dans l’édition du 20 juin 2021.
Vous êtes à table mais le téléphone sonne et voilà que quelqu’un a fini votre assiette lorsque vous aviez le dos tourné ; vous faites chauffer la poêle pour griller un steak et quand vous vous retournez il a disparu comme David Copperfield à travers la Muraille de Chine ; et avec la saison des barbecues qui arrive, on n’a pas intérêt à perdre d’un oeil le chapelet de saucisses !
Pour autant, gardez-vous bien de parler de « vol » quand nos amis canins sont en action : voler signifie dérober quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre. Or dans le monde des chiens, cette notion d’appartenance – le fait de « détenir » quelque chose – n’a pas de sens : les chiens sont bien moins matérialistes que nous, ils ne « détiennent » rien. Bien sûr, en vivant à nos côtés, ils ont appris, par exemple, que tel fauteuil est réservé aux humains : ils comprennent alors simplement qu’en présence des humains, ils n’ont pas le droit d’y aller… et d’ailleurs, souvent, ils s’y installent confortablement la nuit ou quand on part travailler ! Souvent, notre simple présence est inhibante pour eux et c’est ce qui explique que lorsqu’on a le dos tourné, ils agissent différemment. Ils ne se disent pas que ce fauteuil « appartient » aux humains, c’est simplement un endroit confortable et disponible alors ce serait dommage de ne pas en profiter !
De la même manière, ils peuvent ne pas apprécier qu’un autre chien s’approche de leur jouet préféré mais ils n’en revendiquent pas pour autant la propriété : ils cherchent juste à ce qu’en leur présence, l’autre chien ne s’en saisisse pas.
Pour en revenir à la nourriture, il s’agit en plus d’une ressource qui a une valeur tout à fait particulière puisqu’elle est indispensable à la vie. Leur instinct les encourage donc à s’emparer de toute nourriture à disposition, et ce même s’ils sont bien nourris par ailleurs ! Engloutir ces provisions délaissées est une question de survie inscrite profondément en eux; il est donc difficile de leur en vouloir. Alors mieux vaut anticiper ces situations et ne pas les laisser en tête à tête avec leur péché mignon.
Pour ceux qui font cohabiter chien et chat sous le même toit, on retrouve le même cas de figure avec les croquettes des chats qui ne peuvent pas être laissées au sol sous peine de finir avec un chat dépité et un chien gavé ! Il faudra donc trouver un endroit en hauteur, accessible au chat et pas au chien.
Colette CUENOT BOCK