L’acquisition ou l’adoption d’un chien sont souvent générées par des motivations particulières : avoir un compagnon de famille, un accompagnateur pour les promenades ou un gardien pour ses biens mobiliers et immobiliers.
Certains chiens arrivent à s’entendre avec tous leurs congénères (ce dont nous ne sommes pas capables), mais feront de piètres protecteurs de leurs maîtres ou de la maison. D’autres se dépassent dans des activités sportives canines mais sont aussi de grands aboyeurs.
Les critères esthétiques et morphologiques recherchés par les adeptes de concours de beauté impliquent systématiquement (pour obtenir des résultats honorables) des contraintes assez lourdes en termes d’entretien, de brossage et d’hygiène des pelages.
Malgré toutes les compétences dont les chiens sont dotés, ils ne peuvent cependant pas satisfaire tous nos désirs.
Nous attendons souvent beaucoup d’eux, presque qu’ils soient parfaits (pour nous !) sans mesurer qu’ils ne perçoivent pas les événements de la même manière.
Attentes irréalistes
Un client me demandait récemment comment faire pour que son labrador, avec lequel il chasse toutes les semaines en saison, arrête de s’en prendre aux chats du voisinage.
Il n’avait pas perçu que les situations étaient similaires du point de vue du chien.
En effet, les rituels différent entre ces moments passés dans la nature en compagnie d’autres adeptes de cette activité de loisirs et les matous divagants, mais pas tant que ça.
Les animaux en mouvement peuvent être considérés comme des cibles de la même manière par le chasseur qu’est le chien, et ses instincts de poursuite sont activés de façon identique. On peut difficilement lui en vouloir de s’appliquer, en semaine, à adopter les comportements que l’on veut voir le week end ! (pour en savoir plus sur les instincts canins)
Sos Comportementaliste
Corinne me demande comment faire pour que sa chienne, avec laquelle elle pratique occasionnellement le travail avec un troupeau de moutons, arrête de poursuivre les enfants qui courent, les balles et tout ce qui se déplace très rapidement.
Malheureusement il n’y a pas de recette magique, infaillible et non violente pour apprendre au chien à distinguer les contextes dans lesquels il est libre de faire ce qu’il veut tout en étant encadré, par rapport à ceux qui lui sont interdits. Parfois on y parvient en mettant en place des conditionnements spécifiques, mais ce n’est pas toujours aisé.
La fixation visuelle, l’immobilisation, la posture caractéristique du chien de berger au travail s’observent dans d’autres situations que le troupeau. J’ai connu plus d’un chien qui avaient pris l’habitude de mordre dans les pneumatiques des bicyclettes et des voitures. C’était évidemment très dangereux pour tout le monde et inapproprié ! Ils avaient généralisé les postures de l’entraînement à d’autres situations.
Pour en revenir à la chienne de Corinne, il parait logique de se poser la question de la double demande que l’on impose bien involontairement à Baila : elle ne peut pas distinguer les contextes aussi facilement que nous le faisons. Pour elle, c’est légitime de se focaliser de la même manière sur tout ce qui bouge.
Pour limiter les risques et les contraintes impossibles à satisfaire pour Baila, je propose de choisir l’une des alternatives suivantes : continuer l’entraînement au troupeau et éviter d’emmener Baila dans des contextes où elle sera très mobilisée par les mouvements, ou arrêter de l’y transporter et travailler tous les infimes bons comportements lorsqu’il y a des stimuli auxquels elle parvient à résister.
Attention, même si cette seconde proposition qui est choisie, ne pas oublier qu’un chien de berger… reste un chien de berger. Il a besoin de faire beaucoup d’exercices physiques, notamment, et l’on ne peut pas brider tous les instincts.
Bon courage !
Laurence Bruder Sergent