La Centrale Canine a lancé la 2e semaine nationale du chien du 28 septembre au 6 octobre 2024. De nombreux événements sont ainsi organisés partout en France, afin de « promouvoir le rôle bénéfique du chien dans la société et pour favoriser des adoptions responsables en sensibilisant les futurs adoptants ». Cette thématique est enthousiasmante !
L’accent est mis sur les activités sportives qu’il est possible de pratiquer avec son chien : grâce à sa présence dans le foyer, les Français sont plus enclins à faire du sport, et, double bénéfice, cela permet de faire se dépenser l’animal, parfaire son éducation, renforcer la complicité avec nous. Comportementalistes et éducateurs canins ne peuvent que souscrire à cette démarche.
Faire du sport avec son chien, pour un bénéfice commun
Cependant… Les rubriques du magazine de juillet-août de la Centrale Canine qui en faisait le premier l’annonce donnaient un écho inattendu à cette conception du sport avec son chien : obéissance, mondioring (positions, sauts, mordant), sauvetage, Field Trial (traque de gibier), racing (course en cynodrome), chasse, IGP (ex-RCI : pistage, obéissance, mordant).
Ces activités sont assez différentes de celles pratiquées communément, telles la marche, la randonnée, la course ou le cani-VTT. Offrir de s’ouvrir à des sports nouveaux est bienvenu pour trouver celui qui pourrait être le plus motivant pour les deux parties, seulement il est nécessaire de distinguer les propositions, car elles ne correspondent pas à tous les publics, notamment aux aptitudes et aspirations de nos compagnons.
Adapter l’activité sportive aux dispositions du chien
Nous sommes redevables à notre chien domestique d’activités physiques et psychologiques quotidiennes, ainsi une promenade peut remplir ces objectifs si on lui laisse du temps pour sentir, observer, communiquer, se défouler. Pour choisir une activité sportive, il faut d’abord s’assurer qu’elle corresponde à ses dispositions physiques ou à des aptitudes qu’il puisse développer.
Ainsi la course, la traction d’un traineau, les « nose works » (exercices de flairage) ou le troupeau seraient potentiellement bien adaptés à des chiens respectivement endurants, dynamiques, sensibles de la truffe, spontanément rassembleurs d’individus. Mais il faut bien noter une gradation dans la mise en place de ces activités : de membre de la famille avec qui on souhaite conforter la relation affective, le chien pourrait prendre un rôle d’exhibition davantage orienté sur la valorisation de son propriétaire que sur ses dispositions ; de chien de famille, il pourrait devenir chien de travail ou chien utilitaire ; d’un parcours d’éducation pour s’accommoder d’une coopération avec l’humain, il serait davantage question de dressage et d’obéissance pour contenter son maître.
Raisonner pour le bien-être du chien
Les éleveurs ont créé et continuent à créer des races de chiens pour répondre à des besoins : protection, chasse, assistance, sauvetage, détection… et agrément. Au moment de l’adoption, donc bien avant de s’engager dans un sport canin, il serait pertinent de se questionner sur la congruence entre nos aspirations sportives et la lignée dont est issu le chien, présupposant ses aptitudes.
Bien que le thème de cette semaine nationale du chien soit « faire du sport avec son chien », il nous semble prépondérant de rappeler que le sport est un moyen parmi d’autres de renforcer notre lien et de contrecarrer les abandons. Car malheureusement, une activité physique incompatible avec les facultés de l’animal risquerait d’engendrer une forte déception… menant potentiellement à une fracture dans le foyer.
Il est indispensable de se souvenir que toute cohabitation avec un chien devrait se faire dans le respect de son intégrité physique et psychologique, et de ses émotions. Une éducation bienveillante renforcera la complicité entre les individus, tandis qu’un dressage qui ne tienne pas compte de la sensibilité, des besoins ou de la volonté de l’animal serait contreproductif.
Enfin, c’est, selon nous, le point le plus important : même si un animal est prédisposé pour un sport de par sa race ou sa morphologie, il est impératif de tenir compte de son individualité. Son tempérament, sa motivation du moment et la notion de plaisir pour lui doivent être pris en considération pour conserver sa confiance, et l’harmonie dans la famille.