Sa mémoire est excellente !
Fidji est capable de reconnaitre un endroit où elle ne s’est pourtant rendue qu’une seule fois. A quelles capacités particulières pourrait-on attribuer ces comportements ?
Michèle et Bernard me racontent dans leur courrier que leur chienne Fidji les a favorablement impressionnés dans deux circonstances : dans un gîte rural où ils s’étaient rendus l’année passée, et dans un magasin où ils achètent de la nourriture pour leur chienne, mais ne l’emmènent à l’intérieur qu’occasionnellement. Dans les deux cas Fidji a montré des signes de joie et d’impatience, comme si les lieux lui étaient familiers.
Boon a été adopté dans un refuge et dans son nouveau foyer, il s’est habitué très vite aux nouvelles coutumes sauf en ce qui concerne la vue d’une règle ou d’une cuillère en bois (notre kochloeffel). Dès que l’un de ces objets passe sous sa vue, il file à toute vitesse se cacher sous une table ou se blottir dans son panier. De là à conclure qu’il a vécu de fortes expériences associées, il n’y a qu’un pas… que nous franchissons.
Intensité de la situation initiale
Avant de penser à l’intelligence exceptionnelle ou des capacités de réflexions complexes, nous pouvons rester terre à terre et concrets, en envisageant les explications les plus simples : plus un épisode a été intense émotionnellement, physiquement ou psychologiquement au moment où il s’est produit, plus son ancrage dans la mémoire sera profond.
Dans le cas de Fidji qui n’a à priori connu que de bons moments dans les endroits évoqués, il suffit de faire le parallèle avec notre propre vie : qui ne se souvient pas d’un formidable repas, inoubliable, même dégusté une seule fois dans sa vie dans un lieu plus jamais fréquenté depuis ? La seule évocation de l’adresse ou du plat pourrait presque nous mettre l’eau à la bouche ou nous faire visualiser l’assiette devant nous. Nous nous souviendrons avec qui nous étions et les émotions associées resurgiront ensemble.
Pour Boon il est à craindre qu’il ait été malmené avec un outil ressemblant : on l’a peut-être frappé ou on lui a fait peur, et ces émotions se sont imprimées fortement dans son esprit. Même si l’on suppose que les maltraitances ont été répétées, il n’en reste pas moins qu’une seule expérience aurait pu suffire à entrer dans la mémoire si elle a été très forte en intensité pour Boon.
Mémoire épisodique
Nous avons l’habitude que nos chiens apprennent tous les jours à notre contact puisque dès qu’ils nous voient nous chausser pour sortir, ils sont à nos pieds en attendant que le rythme s’accélère. Comme la situation se répète quotidiennement, ils ont vite fait de retenir que tels comportements généreront telles actions.
Ce qui est plus étonnant c’est de se rendre compte qu’ils ont une mémoire épisodique, même si ce n’est pas le cas de tous les chiens : si certains se souviennent, des années après un événement qui ne s’est produit qu’une fois, de son contexte et des éléments qui le composaient, d’autres n’ont pas cette capacité. Cela dépend des individus, comme toujours…
Laurence Bruder Sergent
Les différents types de mémoires du chien sont étudiés dans notre cursus de comportementaliste canin.