Le mois dernier, nous avions abordé la domestication et ses effets diverses, notamment sur la morphologie du chien. Nos chiens que nous connaissons actuellement sont le fruit de milliers d’années de sélection, créant ainsi des races à l’allure vraiment différente du loup, leur cousin.
L’étude des peintures rupestres nous permet de savoir que les tous premiers chiens avaient plutôt une allure mésomorphe avec une queue droite ou enroulée ainsi que des oreilles dressées. On voit apparaitre ensuite une spécialisation dans l’utilisation du chien, ce qui amènera 2 morphotypes principaux : le morphotype graïoïde (ou lévrier) pour la chasse et le morphotype molossoïde pour la garde.
Plus tard, durant l’Antiquité, on voit naitre 4 groupes de chiens, différenciés par leur fonction : les chiens de garde et de ferme, les chiens de berger, les chiens de chasse, et les chiens de compagnie.
C’est au Moyen Age qu’on voit l’apparition de nombreuses races de chiens de chasse, chacune d’entre elles adaptée à un gibier et à un mode de chasse particulier.
Enfin, au XIXème siècle, on assiste à l’explosion du nombre de races de chiens. Ainsi, il est intéressant de voir que les races que nous connaissons actuellement, mises à part certaines races très anciennes comme les lévriers, n’ont finalement qu’une centaine d’année.
Aujourd’hui, il existe environ 350 races de chiens (ce chiffre varie tous les ans). Avec la création de nouvelles races, toujours plus nombreuses, on assiste depuis quelques années à l’apparition d’hypertypes.
Les hypertypes sont l’accentuation à l’extrême de traits distinctifs propres à certaines races animales domestiques. Ces modifications morphologiques, anatomiques et/ou physiologiques ont des conséquences néfastes pour la santé et le bien-être de l’animal.
On peut citer plusieurs exemple d’hypertypes et certaines pathologies associées chez le chien :
- Le Berger allemand et son train arrière affaissé à l’extrême lui conférant une démarche particulière. Ils sont atteints de dysplasie des hanches très jeunes qui évolue en une incapacité à se déplacer.
- La déformation de la boite crânienne (entre autres) du Bull terrier.
- Les races brachycéphales (face aplatie) comme le Bouledogue français, Carlin, Bulldog anglais qui ont de gros problèmes respiratoires.
- Les races à la bouille toute ronde et aux grands yeux comme le Cavalier King Charles. La réduction du volume de la boite crânienne entraine de nombreuses souffrances et pathologies telles que la syringomyélie (pression du crâne sur la moëlle épinière au niveau du cou entrainant des problèmes neurologiques plus ou moins graves et d’importantes souffrances).
- Les races naines (Chihuahua) mais aussi géantes (Terre Neuve) développent des problèmes liés à l’ossature.
Malheureusement, on observe le même phénomène chez les races de chats. Nous le verrons le mois prochain.
Dr Pauline SALVIN
Docteure en éthologie et formatrice