Il est maintenant reconnu que les chiens ne sont pas des loups. Le chien et le loup actuel sont cousins et ont un ancêtre commun, le loup gris.
La sélection de certaines caractéristiques au cours de la domestication a entrainé de grandes dissemblances entre eux, que ce soit au niveau morphologique mais aussi comportemental. On peut tout de même retrouver des traits communs au loup. Par exemple, ils possèdent le même nombre de chromosomes (78), le même nombre de dents, une durée de gestation similaire et des petits qui naissent aveugles.
Mais revenons à leurs différences. Par exemple, les dents des chiens sont plus petites, les yeux des chiens ont tendance à être plus arrondis, le pelage a été modifié avec une diversification notoire des couleurs, les queues n’ont plus la même forme pour certaines races (queue enroulée par exemple), les chiens sont capables de digérer l’amidon, leur organisation sociale est différente, les chiens continuent à jouer et aboyer à l’âge adulte. Il y a dans le prolongement de cette dernière observation, le maintien de caractères néoténiques chez le chien (nous vous renvoyons au décryptage du mois de janvier pour plus de détails). Un dernier point va nous intéresser davantage ici : la domestication a aussi réduit la taille du cerveau du chien.
En effet, la domestication aurait réduit en moyenne de 20% la taille du cerveau des espèces domestiquées et le chien en fait bien évidemment partie. Chez le chien, l’hypothèse proposée régulièrement pour expliquer cette réduction de la taille du cerveau serait que le chien ne chasse plus en groupe comparé au loup, activité qui demande une organisation sociale conséquente, des capacités cognitives complexes et donc un cerveau plus développé. Le cerveau du chien serait donc moins sollicité et aurait diminué au fil de la domestication.
Pourtant, une étude récente de Garamszegi et ses collaborateurs, en 2023, montre que l’élevage moderne auraient augmenté la taille du cerveau des chiens. Fait surprenant, ils suggèrent que plus la race du chien est éloignée génétiquement du loup, plus son cerveau est grand. Pour expliquer ces résultats, l’un des auteurs suggèrent que ce serait l’environnement social plus complexe, l’urbanisation ainsi que l’adaptation à différentes fonctions et attentes des humains qui auraient produit cet effet sur le cerveau des chiens. Mais ce n’est qu’une hypothèse et rien n’est certain pour l’instant.
Les recherches continuent dans le but de mieux appréhender les effets de la domestication sur les chiens mais aussi sur les chats.
Dr Pauline SALVIN
Docteure en éthologie et formatrice
Sources :
Bibliographie : László Zsolt Garamszegi, Enikő Kubinyi, Kálmán Czeibert, Gergely Nagy, Tibor Csörgő, Niclas Kolm, Evolution of relative brain size in dogs—no effects of selection for breed function, litter size, or longevity, Evolution, Volume 77, Issue 7, July 2023, Pages 1591–1606, https://doi.org/10.1093/evolut/qpad063