Nouveauté qui s’incruste de manière exponentielle dans nos sociétés, la télécommande est un outil qui se développe dans tous les domaines de notre vie : pour les volets, pour la lampe de bureau, la voiture, le chauffage… certains même se laissent tenter par la télécommande pour chien (collier électrique) que je vous déconseille franchement mais ce sera un sujet traité dans un autre article. Aujourd’hui, c’est du chien qui tient la télécommande dont je veux vous parler !
Mécanisme
« Il ne leur manque que la parole » disent certains. Alors pour se faire comprendre, les chiens jouent sur leurs regards envers vous, leur posture générale et bien sûr, des vocalises en tous genres. Gémissement, aboiements répétitifs tout en vous fixant du regard, l’air de demander quelque chose : de nombreux chiens se sont déjà adonnés à ce comportement. Les humains tâtonnent, se creusent les méninges, proposent quelque chose au chien, mais cela semble vain dans la majorité des cas. Et pour cause ! La majorité de nos chiens domestiques ressentent de l’ennui parce que la vie que nous leur proposons parfois peut ressembler à une prison dorée où ils ont tout ce qu’il faut à portée de patte pour subsister mais pas assez d’activités pour occuper leurs longues journées. Alors il arrive que certains s’emparent de la « télécommande à humains » et aboient d’un air très déterminé envers leurs humains. Les humains déroulent alors toute la panoplie : jouet, caresse, parler au chien, donner une friandise, lui proposer de sortir… C’est un vrai spectacle proposé à Milou qui lui permet d’avoir une interaction avec son humain préféré et d’obtenir d’autres choses agréables. Peut être n’avait il pas une idée précise en tête de ce qu’il voulait mais il ressort gagnant de l’échange et reproduira ce comportement quand l’ennui le saisira.
Solutions éventuelles
Si ce comportement est lié à l’ennui, évidemment, il serait bon de trouver des occupations saines en amont à Milou. Un chien occupé de manière satisfaisante ne devrait pas abuser de la télécommande.
A l’inverse, si Milou a déjà eu une promenade riche (odeurs, dépense physique, rencontre avec des copains-chiens…), qu’il a eu son repas et des activités masticatoires et/ou de réflexion, et qu’il joue trop longtemps ou trop souvent avec sa télécommande à humains, alors lui faire comprendre que la télécommande ne fonctionne plus serait de rigueur. La solution est simple mais nécessite de la patience : si possible éviter les moments / situations déclenchantes, et les quelques fois où Milou se prend malgré tout pour la Castafiore, l’ignorer et vaquer à ses occupations sans lui jeter un regard ou lui dire un mot. Il est normal qu’il se montre alors plus insistant dans un premier temps (n’importe qui réappuierait sur la télécommande si elle ne change pas de chaine à la première pression) mais c’est signe du changement qui s’amorce et qui va finir par s’éteindre si on tient bon.
Mais si ses besoins sont assouvis et que les humains ne trouvent pas ce comportement dérangeant, alors tout le monde peut jouer à ce petit jeu sans qu’il n’y ait d’incidence néfaste.
Mise en garde
Nous avons évoqué ici un exemple qui revient souvent dans certains foyers mais attention à ne pas faire le cheminement inverse : tout chien qui aboie envers ses humains n’est pas nécessairement dans la logique « télécommande : voyons ce qu’ils me proposent aujourd’hui comme programme ! ». Il est important, avant de tester une solution comme l’ignorance, de s’assurer des causes du comportement au risque de perdre du temps, frustrer les humains à attendre des résultats qui n’arrivent pas, brouiller Milou et en faire un cobaye qui pourrait avoir un comportement d’autant plus anarchique qu’il n’y a pas de logique et de cohérence dans ce qui lui est proposé. Consultez un professionnel si vous avez un souci à résoudre : aucun comportement n’est issu d’une cause unique.
Colette CUENOT
Colette Cuenot, éducateur comportementaliste canin et félin, nous livre ses réflexions sur le comportement canin dans le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Cet article est paru dans l’édition du 21/01/2024.
