Il est sociétalement plus acceptable de voir des comportements agressifs envers l’humain chez un chat que chez un chien. Même à blessure ou taille égale. Les chats sont connus pour leur flegme, leur indépendance et leur petit côté sélectif, parfois inaccessible. Quel saint graal que d’obtenir de l’affection de la part d’un félin domestique difficile. Lorsque personne n’arrive à approcher cet individu à part vous. Notre ego est bien valorisé. A contrario, l’affection d’un chien est bien souvent plus générale et moins timide, elle peut même devenir oppressante si les demandes sont insistantes.
Qu’est-ce que cela veut dire pour nos enfants ?
Nous faisons parfois mine de ne pas avoir croisé le regard du chien qui, assis et les yeux ronds et brillants, attends la fabuleuse petite caresse. A chacun son graal, me direz-vous. C’est au sein de cette culture que nous tolérons généralement plus de choses chez les chats que chez les chiens. Le rapport de taille est évidemment différent, mais il n’est pas le seul à l’origine de cette différence.
Sur cette échelle, en tant qu’humain, nous retrouvons en haut du podium de la tolérance, nos enfants. Les enfants sont en plein apprentissage de la vie. Il s’agit de notre espèce, de nos codes et il est bien normal que nous les comprenions mieux que d’autres espèces domestiques. Il est cependant intéressant de réfléchir, pour notre bien-être, leur et celui de nos chats, à la gestion de la cohabitation entre un humain juvénile et un chat.
Il y a une chose que j’observe régulièrement chez mes clients. Le matou faisant partie de la famille depuis bien longtemps a réussi à obtenir l’entière confiance du couple parental. Aucune agressivité à signaler, un animal avenant et doux. Lorsque l’enfant naît et fait ses premiers pas, le chat, curieux de nature, se balade dans les parages. Les jouets et autres tapis disposés au sol sont autant de surfaces à territorialiser, de nouvelles odeurs à sentir et de jeux à découvrir. Les enfants, généralement attirés par les animaux n’ont cependant pas consciences des codes de ce dernier. En plein apprentissage de ceux de son espèce, il est bien normal qu’il cherche à découvrir le monde avec tous ses sens. Les possibilités sont donc les suivantes. Un contact un peu trop vif qui pourrait surprendre le chat, l’agripper par les poils, la queue, l’acculer, l’enlacer fort ou hurler près de lui. Cette liste non exhaustive représente des risques, des dangers. Il est bien normal de laisser s’opérer une forme de rencontre et d’avoir une tolérance face aux interactions qui se créent entre l’enfant et l’animal. En revanche, une confiance pleine en votre chat ne vous garantie pourtant pas la sécurité de votre bébé. Les réactions de peur ou de douleur peuvent rapidement survenir chez les félins domestiques. Rappelez-vous, ce sont des animaux de famille certes, mais sélectifs dans leurs contacts avec les humains et cela, pour une raison bien précise. Sensibles et rapidement effarouché, la possibilité que votre matou réagisse avec ses griffes et accrue auprès d’un enfant. Les traitements antibiotiques sont très souvent utilisés suite à des morsures car les infections sont extrêmement courantes. Pour cela, je ne saurais que trop vous conseiller d’anticiper au maximum et de surveiller toujours les rencontres.
Les enfants, à un certain âge sont aussi capables de comprendre les règles de bases à respecter pour leur sécurité en présence du chat. Bon dimanche les chamoureux !
Jessica Christ
La Petite Griffe
Jessica Christ, comportementaliste canin et félin, nous livre ses réflexions sur le comportement félin dans le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Cet article est paru dans l’édition du 17 septembre 2023.
