Cette semaine, nous allons nous pencher sur les émotions de nos amis les chats. Sont-ils capables d’expérimenter des émotions ? Des émotions complexes ? Des émotions similaires aux nôtres ?
Voilà un terrain bien glissant. En effet, les progrès en éthologie (étude scientifique des comportements) sont innombrables chaque année et nous prouvons sans cesse scientifiquement des choses que les propriétaires de chats avaient observés dans leur quotidien.
L’état émotionnel du chat face à notre anthropomorphisme
Alors, par quoi commencer ? Premièrement, les chats sont capables de vivre des états anxieux, des phases dépressives. Ils sont donc sujets eux aussi à la tristesse. Et c’est bien là que le curseur est difficile à placer et que le sujet devient intéressant. Si nous sommes capables d’observer des changements comportementaux et neuronaux chez des chats ayant vécu par exemple, la perte d’un compagnon ou d’un humain, comment gérer notre observation ?
La première des choses que nous avons naturellement tendance à faire, c’est de pencher vers l’anthropomorphisme. C’est le fait d’attribuer à un animal des caractéristiques, comportements humains. Le problème, avec l’anthropomorphisme, c’est que cela nous pousse bien souvent vers de la maltraitance en offrant à un animal des soins ou un cadre de vie que nous pensons agréables de notre point de vue de bipède.
L’homéostasie : le niveau de bien-être
Alors, où placer le curseur ? Pour commencer, il est plus utile de connaître les besoins d’un chat afin d’apaiser au maximum son mal être que de philosopher sur la portée et la complexité des émotions. Mais nous allons y revenir. Pour l’action, il est donc nécessaire de proposer à un chat qui va mal, du calme. Le félin domestique va bien souvent naturellement trouver des ressources pour aller mieux. Le fait de lui offrir un soutien physique constant peut être intrusif ou déboucher sur une hyper dépendance en créant une béquille émotionnelle. Offrir à son animal les conditions nécessaires à son homéostasie.
Nourriture à volonté si possible afin qu’il puisse se nourrir une quinzaine de petites fois sur 24h00, c’est ainsi que son circuit digestif se portera le mieux. Accès à un territoire suffisant et stimulant, accès à des cachettes en hauteur d’où il ne sera pas importuné…etc. Si vous offrez des conditions de vie agréables et vraiment adaptées à votre animal dans ce monde d’humain, je peux vous garantir que c’est déjà une belle étape pour son bien-être.
Le mal être peut aussi avoir des conséquences physiques notamment résultants de comportements autocentrés. Plaies de léchage, pertes localisées de poils…etc. Là, on va vraiment parler d’une forme de stress ponctuelle ou chronique dont il faut traiter la cause.
En guise de note de fin sur la portée des émotions félines, et peut être à un degré un peu plus philosophique que scientifique, voici la question qui me semble importante. Nos degrés de tristesse, notre capacité à être jaloux ou en colère sur une palette de nuances infinie n’est-elle pas, bien souvent, reliée à l’existence de notre ego et à sa place dans nos vies ? Et si c’est bien l’ego qui crée la complexité que nous cherchons chez nos animaux, est-il bien fondé de leur attribuer cela ?
Je vous laisse sur cette réflexion, et vous souhaite un très beau dimanche avec vos miauleurs de canapé.
Jessica Christ
La Petite Griffe
Jessica Christ, comportementaliste canin et félin, nous livre ses réflexions sur le comportement félin dans le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Cet article est paru dans l’édition du 20 août 2023.
