Jessica Christ, comportementaliste canin et félin, nous livre ses réflexions sur le comportement félin
dans le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Voici l’article paru dans l’édition du 6 juin 2021.
Poilu est un sphinx de 4 ans qui ne supporte pas certains sons comme des hurlements, des chants ou globalement, toutes les voix humaines fortes. Lorsque le son devient insupportable il va jusqu’à l’agression en mordant l’humain responsale des vocalises.
Comment expliquer cette forme étrange de misophonie féline ? Tout d’abord, il faut se pencher sur son origine. Le chat y est-il sensible depuis toujours ? Est-ce apparu après un événement ou une période particulière ? Si l’humain crie fort avant de réprimander l’animal il crée immédiatement une sensibilisation. Le cri est associé à une réprimande, le taux de cortisol (hormone du stress) augmente dans l’organisme de l’animal et ce dernier commence alors à émettre des signaux d’apaisement.
Ces signaux sont des éléments de langage non verbaux qui se traduisent par des comportements comme des mouvements de queue, des yeux mi-clos, un léchage frénétique de l’épaule ou des oreilles en arrière par exemple. Ils sont autant de petites alarmes visuelles qui nous informent de l’inconfort du chat et de son besoin imminent de faire cesser une situation.
Pourquoi prendre ces signaux au sérieux ?
Les signaux d’apaisement existent afin d’éviter à tout le monde une situation conflictuelle, ils préviennent les comportements agonistiques et donc, s’ils sont pris au sérieux, évitent de passer sur une phase de morsure ou d’agression de manière générale. Outre le fait que ces signaux préviennent avant des agressions, ils disparaissent peu à peu naturellement s’ils ne sont pas pris en compte par l’humain pour faire directement place à une attaque. En effet, nous ignorons rarement un coup de griffes ou de crocs, c’est la raison pour laquelle cette solution restera toujours efficace pour le chat. En ce qui concerne ces alertes, comme tout comportement n’apportant pas satisfaction, elles disparaissent peu à peu chez le chat sous l’évidence de leur inutilité.
Mais alors, comment se comporter ?
Dans un premier temps, il est important de bien définir les sons qui créent un inconfort en étudiant les comportements du chat lorsqu’il y a du bruit. Ensuite s’il est évident qu’une attaque se prépare et qu’il est impossible de faire disparaître le bruit, il est utile de faire glisser une peluche ou un coussin vers l’animal afin qu’il s’en serve pour l’attaquer à la place de l’humain. Nous allons ainsi décharger les tensions en redirigeant l’agression. Cette solution n’est cependant pas une fin en soi. Lorsqu’un animal souffre d’une intolérance de la sorte, il est essentiel d’en trouver la cause et de revoir toutes les jauges de stress de son quotidien afin de mettre en place un apaisement général et non ciblé sur l’un des symptômes.
En effet, beaucoup de comportements sont traités de manière isolée alors qu’ils sont en réalité symptomatiques d’un trouble plus profond ou d’un déséquilibre général. Prenez rendez-vous avec votre comportementaliste pour faire un point global. Très bon dimanche les chamoureux !
Jessica CHRIST – La Petite Griffe
