Les chiens à tempérament difficile font l’objet de nombreuses conversations et de sollicitations de conseils aux professionnels. Une demande inédite est arrivée chez notre comportementaliste.
Nicolas a pris contact au sujet de sa chienne qu’il trouve sacrément joyeuse. Selon lui, elle accueille trop vigoureusement les visiteurs, les livreurs, le facteur, les inconnus et les passants. Le chat, les chiens du voisinage, et même le vétérinaire génèrent des bonds, battements de queues et jappements incessants. La moindre balle au loin, un jouet quelconque ou la sonnette de la porte d’entrée la stimulent au point qu’il ne peut plus capter l’attention de Java : elle est dans un état d’allégresse permanent ! Nicolas s’en fatigue et s’inquiète du risque de chute de ses enfants ou d’un adulte, entre autres dangers.
Les origines possibles de ces comportements
Rappelons-nous qu’un comportement relève souvent de différents facteurs déclencheurs. Le jeune âge, l’appartenance à plusieurs races connues pour leur enthousiasme persistant et les apprentissages sont les premiers éléments à considérer.
Un individu juvénile s’excite facilement, personne ne s’en étonne. Certaines lignées ont été précisément sélectionnées pour leur grande sociabilité, il est logique de retrouver des excès dans ces attitudes si ce n’est qu’aujourd’hui elles déplaisent. Un environnement très stimulant, des humains qui encouragent sans s’en rendre compte peuvent aussi servir de renforçateurs. Et bien sûr, il y a des clowns de naissance et des sujets qui s’ennuient tellement qu’ils théâtralisent la moindre stimulation.
Conscientiser ses actions
Avant de vouloir corriger des attitudes somme toute normales ou dont nous sommes responsables, il est nécessaire de se questionner sur la réelle nécessité de le faire. En effet, nous estimons parfois inappropriés des comportements qui correspondent aux répertoires normaux de l’espèce canine, même si elles sont excessives à nos yeux. La joie de notre chien est communicative, elle distribue du bonheur autour de lui, il ne faut surtout pas s’en priver ! En revanche, on peut envisager d’en limiter les conséquences périlleuses.
Ce que l’on peut faire
Bien sûr il est possible de punir, sévir, contraindre, mais les lecteurs réguliers de cette chronique savent que la violence n’est que la preuve de l’incompétence.
D’autres possibilités de gérer les situations problématiques avec respect, bienveillance et pédagogie peuvent alors être utilisées efficacement à court et long terme.
Sur le moment il s’agira de proposer une alternative aux agitations de Java et de ses comparses aux traits similaires. Lancer une balle à distance ou lui donner un os à ronger, lui faire chercher une friandise cachée dans un jouet par exemple. L’entraîner dans un exercice, lui demander de se concentrer et la stimuler autrement sont à nouveau des alternatives qui fonctionnent. Cela l’occupera le temps que la distraction cesse. Un jouet à tenir en gueule et grignoter peut fonctionner aussi pour extérioriser cette énergie.
Java apprendra à s’assoir pour obtenir une récompense ou une caresse dès qu’elle est calme.
Enfin, en tenant compte de l’extraordinaire intelligence de nos chiens, les entraîner à modérer leurs allures, marcher plus lentement et accélérer sur demande fonctionne plutôt bien.
A méditer
Rappelons-nous que les rapprochements entre les chiens et les humains trouvent précisément leurs intérêts dans les interactions communes et les heureux moments partagés. A nous de nous adapter et de leur apprendre ce que nous attendons tout en respectant leurs réalités, afin qu’aucun des protagonistes ne vive une insatisfaction cohabitationnelle.
Laurence Bruder Sergent
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