Quand ils ne s’entendent pas
Pat et Mat causent bien des inquiétudes à leurs maîtres, leurs bagarres quotidiennes les épuisent et les rendent pessimistes quant à un avenir commun dans une même habitation.
Quiconque a déjà assisté à un conflit entre deux chiens a pu se rendre compte à quel point cela peut être impressionnant. Un débat pour gagner une présidentielle est à peine moins violent.
Tous amis ?
Nous l’avons souvent indiqué dans cette chronique, les chiens sont à notre image sur au moins un point : ils ne s’entendent pas avec tout le monde. Nous aimerions que nos meilleurs amis à qui nous montrons notre attachement de manière équitable le soient tout autant entre eux, mais ce désir est parfois vain. Des incompatibilités de caractères, des manières différentes de percevoir leurs environnements, des conceptions inégales de partages des ressources, telles qu’un jouet ou un lieu de couchage, peuvent déclencher des altercations et créer des mésententes. Les menaces exprimées par aboiements, grognements, babines retroussées voire des morsures ne sont pas rares, chacun tentant de défendre son pré carré ou refusant de nouer des liens avec un individu trop incompatible avec son propre tempérament.
Commencer par une évaluation objective de la situation
Lorsque la limite de tolérance a été franchie et que les propriétaires souhaitent prendre une décision sur une éventuelle séparation, il est nécessaire de se poser un bon nombre de questions, à commencer par les plus graves en termes de conséquences pour l’un ou pour l’autre. Si des blessures sérieuses se produisent à chaque dispute, l’évaluation du risque ne sera pas la même que dans le cas où la situation relève de la scène de ménage qui se règle d’elle-même en quelques secondes, sans qu’il y ait le moindre contact entre les dents de l’un et la peau de l’autre. A contrario si les sujets s’engagent dans de graves et lourdes échauffourées nécessitant fréquemment l’intervention d’un vétérinaire, la dure réalité devra être prise en compte, la cohabitation n’est tenable pour personne, autant en termes de stress et de santé que de qualité de vie.
Premières mesures à prendre
Selon les réponses obtenues aux premiers constats, il pourra être décidé de tenter encore quelques temps la vie commune. Il s’agira de veiller à ne pas créer de tensions entre eux de manière involontaire. Pour cela, une bonne connaissance des limites de chacun des protagonistes est essentielle pour pouvoir anticiper les dangers. Si par exemple l’un des chiens est très intéressé par la nourriture au risque de se l’approprier et la défendre vigoureusement, il sera nécessaire de séparer les animaux aux moments des repas. Il en va de même pour les contacts affectifs qui sont offerts : s’il y a des désirs de possessivité et d’exclusivité de l’un ou l’autre, mieux vaudra accorder son attention de manière précautionneuse et alternée.
Faciliter les rapprochements
N’oublions pas la notion du temps : une relation ne se construit pas en un jour, la patience est alors de rigueur. Si l’on crée des associations positives en passant d’agréables moments ensemble, cela peut grandement faciliter les accords. Gardons cependant en tête que l’on ne peut pas générer artificiellement une entente et qu’il faudra parfois admettre l’idée qu’une simple cohabitation neutre est déjà fort acceptable, si chacun se tolère sans forcément s’apprécier mais qu’ils ne s’écharpent pas à longueur de journée.
Si la haine persiste
Les options à envisager en cas d’échec des tentatives engagées sont douloureuses. Il s’agit de faire un choix difficile, pour protéger les deux chiens, car même celui qui initie les batailles quotidiennes ne vit pas paisiblement sa vie de chien. Malheureusement les incompatibilités existent et nécessitent un divorce, pour le bien de tous. Nous ne pouvons pas forcer nos chiens à être amis.
Laurence Bruder Sergent
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